La Commission européenne a déclaré mercredi que la France devrait faire plus pour appliquer les règles du lobbying des entreprises, un avertissement qui est venu avec le président Emmanuel Macron sous pression en raison de ses liens avec la société américaine Uber.
En France, “un nombre important de préoccupations subsistent en ce qui concerne l’application des règles sur le lobbying pour tous les acteurs concernés, y compris au plus haut niveau de l’exécutif”, a déclaré la commission.
Ces remarques faisaient partie du rapport annuel de la Commission sur l’état de l’État de droit dans l’Union européenne.
La critique de la France intervient quelques jours seulement après les révélations des « Uber Files », une vaste enquête internationale menée par des journalistes sur la base de milliers de documents internes à l’entreprise divulgués.
Parmi une foule d’autres détails, Le Guardian et Le Monde ont révélé des échanges privilégiés entre Uber et Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie, entre 2014 et 2016.
Le rapport de la Commission ne faisait pas référence au scandale ni à Macron. Mais selon elle, l’autorité française chargée de suivre et de limiter l’impact du lobbying “manque de ressources humaines et techniques”.
Le rapport critiquait également la Pologne et la Hongrie, affirmant que la démocratie et les droits fondamentaux étaient toujours menacés.
La Pologne a surtout été clouée au pilori pour le manque d’indépendance de la justice. La commission a critiqué l’incapacité de la Hongrie à poursuivre de manière adéquate les affaires de corruption de haut niveau.
Le ministre polonais de la Justice, Zbigniew Ziobro, a fustigé le rapport, accusant la Commission européenne de chercher à “renverser le pouvoir avec un mandat démocratique en Pologne”.
Le Premier ministre hongrois Gergely Gulyas a dénoncé “un nouveau chapitre peu intéressant de la campagne de diffamation” de Bruxelles contre son pays.
Vera Jourova, vice-présidente de l’UE chargée des valeurs, a souligné que le rapport de cette année s’inscrivait dans un “contexte géopolitique extraordinaire”.
Alors que le président russe Vladimir Poutine viole les droits de l’homme en Ukraine, l’Union européenne ne peut “rester crédible que si notre propre maison est en ordre”, a-t-elle ajouté.
Selon le rapport, ni la Pologne ni la Hongrie ne garantissent la liberté de la presse.
L’Allemagne a également été invitée à prendre des mesures plus énergiques pour freiner l’influence politique des lobbyistes.
Le rapport indique que le gouvernement allemand devait durcir les règles contre la soi-disant porte tournante où les hauts fonctionnaires accèdent à des emplois dans le secteur privé et utilisent leur influence sur le gouvernement.
Cette demande est intervenue alors que l’ancien chancelier Gerhard Schroeder est sous le feu des critiques pour ses activités pour des sociétés énergétiques russes et risque d’être expulsé de son parti politique SPD.
Il n’a pas été nommé dans le rapport.
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