Moldavie – Entretien entre Jean-Yves Le Drian et le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration Européenne Nicu Popescu (25 Févr.22)

Le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est entretenu aujourd’hui avec le Vice-Premier Ministre moldave et Ministre des Affaires Étrangères et de l’Intégration Européenne, Nicu Popescu, afin d’exprimer la solidarité totale de la France et de l’Union européenne avec la Moldavie face aux conséquences de la guerre en Ukraine. L’invasion militaire à grande échelle de l’Ukraine par la Russie constitue une menace pour la stabilité de toute la région.

Dans le contexte de l’afflux de migrants résultant de ce conflit, la France soutient la demande d’assistance de la Moldavie auprès du Mécanisme de protection civile de l’UE. La France est aux côtés de la Moldavie et fournira au pays une assistance bilatérale.

Déclaration du ministre à la suite de sa rencontre avec Svetlana Tikhanovskaya (25 Févr.22)

J’ai reçu aujourd’hui à Paris Mme Svetlana Tikhanovskaya pour l’assurer du soutien de la France aux aspirations démocratiques du peuple biélorusse et de notre attachement à la souveraineté et à l’indépendance du pays.

Notre rencontre s’est déroulée dans des moments exceptionnels. La complicité du régime d’Alexandre Loukachenko dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en violation flagrante du droit international et des accords signés, marque une nouvelle et très grave étape dans le processus de soumission de M. Loukachenko à la Russie. La Biélorussie et son peuple méritent mieux que de devenir les complices et les vassaux d’un régime brutal qui a choisi d’amener la guerre au cœur de l’Europe sans justification, contrairement à nos valeurs de liberté et de démocratie.

Mme Tikhanovskaya a présenté la stratégie de l’opposition en vue du référendum constitutionnel qui se tiendra en Biélorussie jusqu’au dimanche 27 février, sans mission d’observation internationale et sur fond de répression violente. Les amendements proposés par le régime de Minsk ne correspondent en aucun cas aux attentes exprimées par le peuple biélorusse à l’été 2020.

Plus inquiétant encore, ce projet de révision constitutionnelle risque de commencer une régression pour le Bélarus, car il inclut l’abolition du principe de neutralité et du statut de non-nucléaire dans la constitution bélarussienne. La Biélorussie se dit également prête à accueillir des forces militaires russes sur son territoire à long terme. Nous et nos partenaires devrons faire face aux conséquences de cette situation en adaptant la posture de défense de l’OTAN.

Cette rencontre a également été l’occasion de saluer le courage des forces démocratiques biélorusses et de renouveler la solidarité de la France avec les prisonniers politiques et leurs familles. Nous ne les avons pas oubliés et continuons d’exiger leur libération immédiate et inconditionnelle. Aux côtés de nos partenaires de l’Union européenne, nous sommes déterminés à renforcer notre soutien aux forces démocratiques biélorusses, à la société civile, aux intellectuels, aux journalistes et aux étudiants qui le sollicitent pour les aider dans leur combat.

L’engagement profond de Mme Tikhanovskaya et de l’opposition biélorusse envers leur pays est remarquable et honorable, à la lumière des renoncements de M. Loukachenko.

J’ai assuré Mme Tikhanovskaya que la France continuerait d’être aux côtés du peuple biélorusse dans son combat pour la liberté, comme elle est aux côtés du peuple ukrainien face à l’agression de la Russie.

Situation en Biélorussie : Position de la France

Comme l’Union européenne, la France ne reconnaît pas la légitimité d’Alexandre Loukachenko et soutient les mouvements démocratiques.

L’Union européenne a adopté plusieurs paquets de sanctions contre des personnes et des entités impliquées dans la falsification des élections d’août 2020, la répression politique, le transfert de migrants aux frontières de l’UE à l’automne 2021 et d’autres actions déstabilisatrices du régime d’Alexandre Loukachenko.

Depuis le début de la crise, les États membres de l’Union européenne ont adopté 5 paquets de sanctions : des interdictions de voyager et des gels d’avoirs ont été imposés à 183 personnes et 26 entités.

Des sanctions sectorielles ont également été introduites à la suite du détournement du vol Ryanair Athènes-Vilnius le 23 mai 2021 et de l’arrestation du journaliste Roman Protassevich.

En outre, l’UE a apporté un soutien à la population biélorusse et a élaboré un programme de soutien économique de 3 milliards d’euros pour accompagner une éventuelle transition démocratique du pays.

En 2020 et 2021, la France a été l’un des pays qui ont activé le Mécanisme de Moscou et le Mécanisme de Vienne au sein de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) afin d’enquêter sur les violations des droits de l’homme commises avant et après les élections du 9 août 2020. Il a également appuyé le renforcement des attributions du Haut Commissaire chargé d’enquêter sur ces violations au Comité des droits de l’Homme des Nations Unies.

Les ressources consacrées au soutien de la société civile bélarussienne ont été augmentées. L’action de la France s’est concentrée sur le soutien aux étudiants biélorusses, particulièrement actifs lors des manifestations postélectorales, à travers un programme de bourses et en soutenant les étudiants exilés à Varsovie et Vilnius. Plusieurs représentants de l’opposition démocratique ont été invités à Paris pour rencontrer nos autorités, à commencer par Pavel Latouchko en avril et décembre 2021 et Svetlana Tikhanovskaya en septembre 2021 et février 2022.

Plus d’un an et demi après le début du mouvement de protestation, le régime d’Alexandre Loukachenko n’a fait aucune concession. Au niveau institutionnel, les perspectives d’un dialogue inclusif et d’une véritable réforme constitutionnelle se sont amenuisées à mesure qu’Alexandre Loukachenko s’employait à consolider son pouvoir. Cela a conduit à une aggravation de la répression de toutes les composantes de la société civile. Il y a maintenant plus de 1 000 prisonniers politiques. Depuis août 2020, entre 100 000 et 200 000 personnes ont quitté le Bélarus et le pays a connu un nombre record d’arrestations (plus de 35 000).

Relations extérieures

Le durcissement du régime biélorusse s’est accompagné de relations plus étroites entre Minsk et Moscou en vertu du Traité sur la création de l’État de l’Union signé entre les deux pays en 1999, qui prévoit finalement la création d’une confédération. Les concessions biélorusses les plus importantes ont été dans le domaine militaire.

Parallèlement, les relations avec les pays occidentaux se sont rapidement détériorées après le vote controversé du 9 août 2020.

Les relations avec l’UE ont été particulièrement affectées par le détournement le 23 mai 2021 d’un vol Ryanair et le déclenchement par Minsk d’une crise migratoire aux frontières avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie à l’automne 2021.

Quatre ambassadeurs européens et le chef de la délégation de l’UE ont été contraints de quitter le Bélarus par les autorités.

Le 17 octobre 2021, l’Ambassadeur de France a été contraint par les autorités biélorusses de quitter le pays suite au refus de la France de présenter ses lettres de créance à Alexandre Loukachenko.