Mesdames et messieurs,
Nous vous avons fait patienter un peu, mais le ministre voulait venir à Paris – et je le remercie de l’avoir fait-pour cette longue rencontre. Nous avons eu une réunion très intéressante qui nous a permis de discuter de nombreux sujets, dont je vais vous parler.
Ministre, cher Nikos,
C’est un grand plaisir de vous accueillir à Paris aujourd’hui; je sais que la journée a été longue, mais merci d’être venu me voir. Je vous l’ai dit, et nous l’apprécions beaucoup, dans le cadre de cette amitié de longue date entre la Grèce et la France et aussi de notre partenariat, renouvelé en septembre dernier.
J’ai également exprimé mes remerciements au ministre pour la solidarité dont la Grèce a fait preuve au début des tragiques incendies qui ont dévasté certaines de nos forêts. Un geste de solidarité, vous vous en souviendrez, avec l’envoi de deux Canadairs qui nous ont vraiment aidés à combattre les incendies. La situation est difficile dans beaucoup de nos pays, et nous avons donc particulièrement apprécié ce geste. L’été dernier, c’est la France qui est venue en aide à la Grèce, et c’est une bonne chose de voir que les mécanismes européens d’amitié et de solidarité, en plus des mécanismes juridiques que nous avons maintenant acquis dans le cadre de l’Union européenne, fonctionnent et fonctionnent spontanément, car nous sommes confrontés aux mêmes défis et nous sommes plus efficaces ensemble. Encore une autre leçon, s’il en était besoin, que nous sommes plus forts ensemble.
Je parlais du partenariat stratégique entre la France et la Grèce, qui s’appuie depuis l’automne dernier sur les liens extrêmement anciens et étroits existant entre nos deux pays. Nous avons dressé un premier bilan des premiers mois de mise en œuvre de ce partenariat stratégique et discuté de la poursuite de notre coopération. J’ai dit au ministre que j’étais évidemment tout à fait à sa disposition pour cela, tout comme mon prédécesseur, Jean-Yves Le Drian. Nous allons continuer sur ce beau chemin que nous avons commencé à tracer.
Nous avons évidemment discuté de la situation en Méditerranée orientale. C’est un domaine d’intérêt particulier pour nos deux pays. Et je veux même dire une question préoccupante, en plus de la mise au point. Le ministre m’a fait part de sa grande inquiétude, voire de son inquiétude, je pense pouvoir le dire, au vu des récents développements dans la région, des menaces contre la souveraineté de son pays et de certaines déclarations d’un de nos partenaires. Il en parlera, mais je tiens à répéter ici et devant vous – comme la France l’a dit à maintes reprises, y compris par l’intermédiaire du Président fin mai – que la France est l’amie et l’alliée de la Grèce et qu’elle est aux côtés d’elle face à toutes les tentatives d’atteinte à la souveraineté de la Grèce, et à toutes les menaces qui pourraient être faites à sa souveraineté. Nous continuerons donc à suivre l’évolution de la situation, et vous pouvez compter sur nous, monsieur le ministre.
Nous avons également parlé de la guerre en Ukraine et, bien sûr, de l’importance de maintenir une approche unie et ferme des Européens à l’égard de la Russie. Il est important d’être pleinement conscient de la nécessité de lutter contre la désinformation transmise par Moscou sur la guerre qu’elle a déclenchée, qui tend à faire oublier les causes. Et peut-être devons-nous accroître notre capacité à lutter activement contre ce faux récit que la Russie crée, sur la situation et les conséquences de la situation dans de nombreux pays d’Europe et au-delà de l’Europe. C’est bien la Russie – je vous le répète, et je le répète souvent – qui est la seule responsable des conséquences économiques et géopolitiques de son agression contre l’Ukraine. C’est la guerre qu’elle mène qui crée des bouleversements sur les marchés agricoles, qui entraînent des risques accrus d’insécurité alimentaire. C’est la guerre qu’elle mène qui crée des tensions sur les marchés de l’énergie. Ce sont des faits évidents; je dois les rappeler aux gens. Et je pense que tout le monde doit s’en souvenir, pour ne pas tomber dans le piège de la désinformation, comme l’a souligné le Président il y a quelques jours et encore hier lorsqu’il était en Afrique. La Russie utilise maintenant non seulement des bombes et des armes militaires, commettant des atrocités et des crimes, mais aussi des armes de désinformation, d’énergie et de nourriture. Nous devons en être conscients et peut-être le dire plus que nous ne l’avons fait jusqu’à présent.
Nous avons également eu une discussion utile sur la sécurité énergétique de l’Union européenne. Vous avez vu les dernières décisions adoptées par l’Union européenne, qui sont positives, qui nous permettent de maintenir l’unité européenne tout en tenant compte de la situation particulière de chaque pays. Nous avons convenu de poursuivre nos discussions à cet égard, et en général, nous savons que nous devrons continuer. Continuer à réduire notre dépendance à l’égard des pays étrangers en général et des hydrocarbures russes en particulier. L’accord conclu il y a quelques jours, cette semaine, le 26 juillet, est donc un bon accord. Nous devrons peut-être aller plus loin et penser à garantir encore plus efficacement la souveraineté et l’autonomie de l’Union européenne.
Nous avons également examiné quelques questions régionales; je ne veux pas prendre trop de temps. Mais nous avons parlé de la Libye, nous avons parlé de la situation dans les Balkans, et nous avons également parlé de l’Afrique et en particulier de la situation au Sahel. Et puis, en ce qui concerne l’Union européenne, nous nous sommes félicités de l’ouverture des premières conférences intergouvernementales avec la Macédoine du Nord et l’Albanie, tout en soulignant qu’au-delà de ce geste positif, qui était vraiment nécessaire et je pense très attendu dans la région, nous devons maintenant céder à la mise en œuvre, nous devrons continuer à mener les négociations à leur rythme, selon les procédures normales, mais aussi nous assurer de continuer à stabiliser durablement l’ensemble des Balkans occidentaux.
Te voilà; je m’arrêterai là. Le ministre peut développer un certain nombre de questions que j’ai très, très brièvement mentionnées. Mais je ne veux pas terminer sans remercier une fois de plus le Ministre d’être venu à Paris pour illustrer le dynamisme de notre partenariat stratégique, mais aussi le remercier pour toute l’aide que la Grèce nous a apportée lorsque nous dirigions la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Nous avons souvent pu compter sur son aide décisive. Je l’ai remercié lors de notre rencontre et je tiens également à le faire devant vous. Te voilà. Un grand merci à vous, monsieur le ministre.