Le Mali accuse la France d’espionnage après la vidéo d’un charnier

Le Mali a accusé mardi l’armée française d ‘ “espionnage” et de “subversion” lorsqu’elle a utilisé un drone pour filmer ce que la France a allégué être des mercenaires enterrant des corps près d’une base militaire.

Le drone a survolé “illégalement  » la base de Gossi le 20 avril, au lendemain de la rétrocession du site par les forces françaises au Mali, a indiqué la junte dans un communiqué.

Le lendemain, l’armée française a partagé une vidéo montrant des mercenaires russes recouvrant des corps de sable pour accuser faussement les troupes en partance de crimes de guerre. On pouvait voir deux soldats filmer les cadavres à moitié enterrés.

Plus tôt mardi, l’armée malienne a annoncé une enquête sur la découverte d’un charnier à la base de Gossi.

L’armée a déclaré avoir trouvé la tombe le lendemain de la publication des images, et a affirmé que le stade avancé de putréfaction des corps excluait la responsabilité des soldats maliens.

Il a ensuite accusé la France d’espionnage et de tentative de salir la réputation des forces maliennes avec la vidéo filmée par drone.

« Ledit drone était présent… pour espionner nos braves FAMa (forces armées maliennes)”, a déclaré le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maiga.

“En plus de l’espionnage, les forces françaises se sont rendues coupables de subversion en publiant de fausses images élaborées pour accuser les FAMa de responsabilité dans le meurtre de civils, dans le but de ternir leur image.”

Bamako a déclaré que “des avions étrangers, notamment exploités par les forces françaises” avaient délibérément violé l’espace aérien malien plus de 50 fois depuis le début de l’année.

La France, ancienne puissance coloniale du Mali, met fin à son opération militaire antidjihadiste de près de dix ans dans cet État d’Afrique de l’Ouest.

Mais en février, il a décidé de retirer ses troupes après s’être brouillé avec la junte militaire, notamment à cause de son rapprochement avec le Kremlin.

La France et les États-Unis ont accusé des mercenaires de la société de sécurité Wagner liée au Kremlin de se déployer au Mali, où la junte affirme que les Russes ne sont que des instructeurs militaires aidant à rétablir l’ordre.

De vastes pans du Mali échappent au contrôle du gouvernement en raison de l’insurrection djihadiste, qui a débuté en 2012 avant de s’étendre trois ans plus tard au Burkina Faso et au Niger voisins.

L’État sahélien pauvre et enclavé est dirigé par une junte militaire depuis un coup d’État d’août 2020, qui a été propulsé par des manifestations contre la gestion de la guerre par le gouvernement contre les djihadistes.

Le conflit aurait causé la mort de milliers de militaires et de civils et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers.

La junte avait initialement promis de rétablir un régime civil, mais elle n’a pas respecté son engagement antérieur envers le bloc ouest-africain de la CEDEAO d’organiser des élections en février de cette année, ce qui a entraîné des sanctions régionales.