La peine de l’attaquant de Paris 2015 est maintenue après l’absence d’appel

Le seul membre survivant d’une cellule du groupe Etat islamique qui a tué 130 personnes à Paris en 2015 n’a pas fait appel de sa condamnation à perpétuité, a annoncé mardi le procureur général de Paris, permettant à la France de clore le chapitre juridique de sa pire atrocité de l’histoire moderne.

Salah Abdeslam, un Français d’origine marocaine âgé de 32 ans, a été capturé vivant par la police quatre mois après le bain de sang dans la salle de concert du Bataclan et à d’autres endroits.

Le 30 juin, il a été condamné à la prison à vie avec une infime chance de libération conditionnelle après 30 ans, la peine la plus sévère possible en droit français, qui n’avait été prononcée que quatre fois auparavant depuis son entrée en vigueur en 1994.

Les 19 autres personnes condamnées pour leur rôle avant et après les attentats ont également refusé de faire appel, a déclaré à l’AFP le procureur Rémy Heitz.

Ils disposaient de 10 jours pour interjeter appel après leur condamnation, un délai qui expirait lundi à minuit.

– « Statut permanent’ –

La décision du tribunal spécial chargé des affaires “a maintenant acquis un statut permanent et il n’y aura pas de procès en appel”, a-t-il déclaré.

La décision d’Abdeslam “ne signifie pas qu’il est d’accord avec le verdict et la condamnation à perpétuité sans libération conditionnelle qui en résulte”, ont déclaré mardi ses avocats Olivia Ronen et Martin Vettes.

“Il s’y est simplement résigné”, ont-ils déclaré sur Twitter.

« Bien qu’une telle punition soit inacceptable, nous respectons la décision de celui que nous avons aidé”, ont-ils déclaré, ajoutant: “Il n’y a aucun honneur à condamner quelqu’un qui est vaincu par le désespoir.”

Le procès, avec ses 148 jours d’audience, a été le plus important de l’histoire de la France moderne, le point culminant d’une enquête internationale de six ans dont les conclusions s’étendent sur plus d’un million de pages.

Tous les assaillants, à l’exception d’Abdeslam, se sont fait exploser ou ont été tués par la police pendant ou après l’assaut.

Abdeslam avait commencé ses comparutions devant le tribunal en septembre dernier en se déclarant avec défi « combattant de l’État islamique », mais avait fini par s’excuser en larmes auprès des victimes et demander la clémence.

Dans sa déclaration finale, il a exhorté les juges à ne pas lui infliger une peine à perpétuité au motif qu’il n’avait réellement tué personne.

“J’ai fait des erreurs, c’est vrai. Mais je ne suis pas un meurtrier, je ne suis pas un tueur”, a-t-il déclaré.

Abdeslam, un amateur de fêtes qui fumait du pot, a jeté sa ceinture de suicide le soir de l’attaque et s’est enfui dans sa ville natale, Bruxelles, où vivaient de nombreux extrémistes.

– « Pas par peur’ –

Il a dit au tribunal qu’il avait changé d’avis et qu’il avait décidé de ne pas tuer de gens.

“J’ai changé d’avis par humanité, pas par peur”, a-t-il insisté.

Mais après avoir entendu que sa ceinture de suicide s’était avérée défectueuse, les juges ont conclu que cela « jetait un doute sérieux “sur son apparente”renonciation ».

Ils ont jugé qu’il était un “co-auteur” des attaques qui “constituaient une seule scène de crime”.

Une équipe de 10 djihadistes a assiégé la capitale française, attaquant le stade national de sport, des bars et le Bataclan dans un assaut immédiatement revendiqué depuis la Syrie par le groupe EI.

Les attentats ont choqué la France, avec le choix des cibles et la manière dont la violence semblait conçue pour infliger un maximum de peur, seulement 10 mois après un assaut séparé contre le magazine Charlie Hebdo.

Dans un cas, le tribunal a entendu un enregistrement d’hommes armés narguant des personnes piégées dans le Bataclan alors qu’ils leur tiraient dessus avec des mitrailleuses Kalachnikov depuis un balcon au-dessus.

La France, sous le président de l’époque François Hollande, a déclaré le pays “en guerre  » contre les extrémistes et leur califat autoproclamé en Syrie et en Irak.

François Hollande, qui a témoigné en novembre, a qualifié le procès d ‘” exceptionnel “et” exemplaire“, ajoutant dans un communiqué que l’accusé avait été”jugé dans le respect de la loi ».

Le processus de 10 mois avait “permis de rechercher la vérité afin de mieux comprendre le cours du terrorisme islamiste”, a-t-il déclaré.