Ouverture du procès pour greffe du patron du rugby français Laporte

Bernard Laporte, une figure marquante du rugby français, sera jugé mercredi pour corruption et trafic d’influence dans une affaire très médiatisée qui fait de grandes vagues à un an seulement de l’organisation de la Coupe du Monde en France.

L’ancien sélectionneur de l’équipe de France, âgé de 58 ans, est accusé de favoritisme dans l’attribution d’un contrat de sponsor maillot pour l’équipe nationale à un ami proche, Mohed Altrad, le milliardaire propriétaire des champions de Top 14 Montpellier.

Parmi les cinq officiels sur le banc des accusés figurent également Claude Atcher, récemment suspendu de ses fonctions de directeur général de l’organisation de la Coupe du Monde 2023, et Serge Simon, vice-président de la Fédération française de Rugby (FFR).

“Les accusations contre Bernard Laporte sont complètement montées de toutes pièces, notamment parce que tout ce qu’il a fait était dans l’intérêt supérieur de la Fédération”, a déclaré à l’AFP son avocat, Jean-Pierre Versini-Campinchi.

Mais l’unité des crimes financiers de la France, le PNF, n’est pas d’accord.

Son enquête sur les relations de Laporte, qui était ministre des Sports du gouvernement du président Nicolas Sarkozy de 2007 à 2009, a conclu qu’il était coupable de trafic d’influence illégal et de corruption passive, principalement au profit d’Altrad.

Les liens d’amitié et d’affaires des deux hommes sont au cœur de l’affaire, qui remonte à février 2017 lorsqu’ils ont signé un accord en vertu duquel Laporte, patron de la Fédération française de Rugby (FFR), a accepté d’apparaître dans les conférences du groupe Altrad, et a vendu ses droits de reproduction d’image, en échange de 180 000 euros (alors autour de 190 000$).

– « Un combattant’ –

Mais alors que cette somme a bien été versée à Laporte, les procureurs affirment qu’il n’a jamais réellement fourni les services pour lesquels il s’est inscrit.

Il a cependant fait plusieurs déclarations publiques en faveur d’Altrad et, en mars 2017, a signé un contrat de 1,8 million d’euros avec l’homme d’affaires faisant de sa société éponyme le tout premier sponsor à apparaître sur les maillots de l’équipe de France.

Même maintenant, le logo d’Altrad figure sur les maillots de l’équipe grâce à un accord de suivi négocié par Laporte en 2018 et qui, selon les procureurs, porte toutes les marques de la corruption.

Laporte est en outre accusé d’être intervenu auprès de la commission fédérale de discipline du rugby français qui a réduit une amende contre une société Altrad à 20 000 euros après un appel de Laporte, contre 70 000 euros initialement.

Alors que les procureurs considèrent cet incident et plusieurs autres comme une preuve de favoritisme illicite, Laporte lui-même a affirmé qu’il n’y avait pas de “relation de cause à effet” et a déclaré qu’il avait lui-même annulé le contrat à l’été 2017 lorsque des articles de presse ont commencé à remettre en question la nature de la relation entre les deux hommes.

Le procès examinera également les liens entre Claude Atcher et la FFR de 2017 à 2018 lorsque la société d’Atcher, Score XV, a remporté des contrats pour quatre missions, principalement liées à la candidature française pour la Coupe du Monde 2023.

Les procureurs disent que l’une de ces missions, d’une valeur de 21 000 euros, n’a jamais été effectuée, mais Laporte a tout de même signé un paiement de bonus à XV de France de 30 000 euros.

Les procureurs affirment que les transactions ont escroqué la FFR sur un total estimé à 80 000 euros, mais l’avocate d’Atcher, Céline Lasek, a déclaré que l’affaire contre son client était “sans fondement ni justification”.

Cinq ans d’enquête ont ébranlé le monde du rugby français et nui à la réputation de Laporte, mais il s’est tout de même fait réélire à la tête de la FFR fin 2020.

“Il est confiant”, a déclaré son avocat Versini-Campinchi avant le procès. « Son état d’esprit est celui d’un combattant.”

Le procès se déroule jusqu’au 22 septembre.