La décennie des montagnes russes de l’armée française au Mali

Les troupes françaises ont été accueillies avec enthousiasme lorsqu’elles sont entrées au Mali il y a plus de neuf ans pour l’aider à lutter contre une insurrection alimentée par les djihadistes.

Lundi, la France s’est retirée du pays face à une profonde hostilité après s’être brouillée avec les colonels qui ont pris le pouvoir il y a près de deux ans.

Voici un aperçu de ce qui s’est passé:

– 2012: Les djihadistes prennent le nord –

Les touaregs et les rebelles alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) s’emparent des capitales des trois régions du nord du pays — Kidal, Gao et Tombouctou.

Les islamistes écartent rapidement les Touaregs, pratiquent des amputations et des lapidations et détruisent des mausolées dans la légendaire ville désertique de Tombouctou.

– 2013: La France intervient –

En janvier 2013, le Mali fait appel à la France, l’ancienne puissance coloniale, alors que les djihadistes se dirigent vers le sud, menaçant la capitale Bamako.

Paris envoie une force de 1 700 hommes, l’opération Serval, qui met les rebelles en déroute.

En avril 2013, une force de l’ONU, la MINUSMA (la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali), est lancée.

Elle devient l’une des plus grandes opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec plus de 17 000 soldats, policiers, civils et volontaires déployés aujourd’hui.

– 2014: Opération Barkhane –

Le 1er août, la France remplace l’opération Serval par une mission plus large au Sahel appelée Opération Barkhane, dont le nom signifie “barchan”, ou dune de sable en mouvement.

Barkhane déploie initialement 3 000 soldats, passant à 5 100 soldats à son apogée. La force opère en coopération avec cinq pays alliés — le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

– 2015: Hausse des attaques –

En mai et juin 2015, le gouvernement malien et les anciens rebelles touaregs signent un accord de paix mais la mise en œuvre est en retard.

Vingt-cinq personnes-dont 16 étrangers – sont tuées dans deux attaques contre un hôtel et un restaurant à Bamako en mars et novembre par des djihadistes d’un groupe dirigé par le militant algérien borgne Mokhtar Belmokhtar.

Les attaques djihadistes se sont également propagées au centre du Mali, une poudrière ethnique, et atteignent de l’autre côté de la frontière le Niger et le Burkina Faso

– 2017: G5 Sahel –

En janvier 2017, un attentat suicide de la même formation contre un camp de Gao regroupant d’anciens rebelles et des milices progouvernementales a fait 77 morts et 120 blessés.

En juillet, les dirigeants de cinq pays du Sahel conviennent de créer un groupe de travail antiterroriste appelé G5 Sahel soutenu par la France.

– 2020-2021: Coups d’État –

Alors que les attaques contre les forces armées et les civils dans le centre du Mali s’intensifient, la colère contre le président Ibrahim Boubacar Keïta monte, aboutissant à un coup d’État militaire en août 2020.

La junte qui s’ensuit crée un gouvernement intérimaire.

Mais lorsque ses dirigeants civils retirent des soldats de certains postes clés, l’homme fort, le colonel Assimi Goita, organise un deuxième coup d’État de facto en mai 2021.

Les relations avec Paris se détériorent rapidement lorsque la junte de Goïta refuse de tenir les élections promises dans les délais prévus.

En juin 2021, le Président français Emmanuel Macron annonce que les effectifs de Barkhane seront progressivement ramenés entre 2 500 et 3 000 soldats.

– 2022: retrait –

Les paramilitaires russes du groupe controversé de Wagner commencent à se déployer au Mali à la fin de 2021 pour renforcer ses chefs militaires.

Le 9 janvier 2022, le bloc ouest-africain de la CEDEAO impose un embargo sur le Mali à la suite des élections annulées, exigeant un retour à un régime civil.

Les tensions montent et le Mali expulse l’ambassadeur de France le 31 janvier.

Le 17 février, la France annonce son intention de se retirer du Mali, une décision qui ira en parallèle avec une force européenne plus petite dirigée par la France appelée Takuba. Macron fixe un délai de quatre à six mois.

Le lendemain, Bamako appelle Paris à retirer ses soldats “sans délai”, une demande rejetée par le dirigeant français.

Début mai, la junte rompt ses accords de défense avec Paris et, quelques semaines plus tard, annonce qu’elle quitte le G5 Sahel.

Fin juin, l’ONU prolonge d’un an le mandat de la MINUSMA, mais sans l’appui aérien français, ce qui est rejeté par la junte.

Le 1er juillet, Paris annonce la fin de Takuba et lundi, Barkhane touche officiellement à sa fin.

Maintenant hors du Mali, la France a réduit de moitié sa présence au Sahel, avec seulement 2 500 militaires restants dans la région.