Le président français Emmanuel Macron rencontrera les dirigeants du parti, dont l’extrême droite Marine Le Pen, pour des entretiens, a annoncé lundi l’Elysée, après que lui et ses alliés ont perdu leur majorité globale aux élections législatives.
Les discussions d’Emmanuel Macron avec les dirigeants de l’opposition débuteront mardi avec Christian Jacob, chef du parti conservateur traditionnel Les Républicains (LR) en déclin ces derniers mois mais qui pourrait être courtisé pour donner à Macron une majorité parlementaire.
Le chef du Parti socialiste Olivier Faure et le patron du Parti communiste Fabien Roussel, membres de l’alliance de gauche NUPES, rencontreront également Macron, bien que le dur à gauche Jean-Luc Mélenchon, qui dirige NUPES, ne soit pas prévu de le faire.
Dans une rencontre rare, Macron accueillera également Le Pen – son rival à l’élection présidentielle et leader du Rassemblement national d’extrême droite.
L’objectif est de » construire des solutions au service des Français” à un moment où il n’y a pas de “majorité alternative” à celle de l’alliance au pouvoir de Macron, a déclaré un responsable présidentiel qui a demandé à ne pas être nommé.
Les représentants des partis parlementaires seront reçus à l’Elysée séparément et successivement.
Le résultat des élections législatives a été un coup dur pour le président et son programme de réformes, laissant son camp face à la perspective d’une impasse politique.
Alors que la coalition Ensemble de Macron reste le plus grand parti après les élections de dimanche à l’Assemblée nationale, il lui manque des dizaines de sièges pour conserver la majorité absolue dont il jouit depuis cinq ans.
Mélenchon et Le Pen ont fait de gros gains, les laissant comme des acteurs majeurs du nouveau parlement.
– Résurgence de l’opposition –
Le quotidien de gauche Libération a qualifié les résultats de « gifle » pour Macron, tandis que le Figaro conservateur a déclaré qu’il était désormais “confronté à une France ingouvernable”.
L’alliance Together de Macron a remporté 244 sièges, bien en deçà des 289 nécessaires pour une majorité globale, lors d’un vote à faible participation qui a abouti à un taux d’abstention de 53,77%.
Emmanuel Macron a rencontré lundi sa Première ministre contestée Elisabeth Borne et deux de ses principaux alliés, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe et le dirigeant centriste François Bayrou.
Les élections ont vu le NUPES devenir la principale force d’opposition avec ses alliés avec 137 sièges, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Mais il semble peu probable que la coalition des Socialistes, des communistes, des Verts et de la gauche dure France Insoumise puisse conserver une cause commune à l’Assemblée législative.
Mélenchon, le chef de la France insoumise qui a orchestré l’alliance, a qualifié ses résultats de “plutôt décevants » et a proposé lundi de faire du NUPES un bloc permanent de gauche.
Il a déclaré qu’il ne s’agirait pas d’une fusion complète, mais simplement d’une force “alternative” efficace au Parlement, bien que l’offre ait été immédiatement rejetée par les trois autres partis du NUPES.
– Très vulnérable? –
Pendant ce temps, l’extrême droite sous Le Pen a affiché la meilleure performance législative de son histoire, devenant le parti d’opposition le plus puissant avec 89 sièges, contre huit dans la chambre sortante.
Une Le Pen confiante a déclaré que son parti exigerait de présider la puissante commission des finances de l’Assemblée nationale, comme c’est la tradition pour le plus grand parti d’opposition.
“Le pays n’est pas ingouvernable, mais il ne sera pas gouverné comme le souhaitait Emmanuel Macron”, a déclaré lundi Marine Le Pen à la presse.
Mélenchon a déclaré qu’il présenterait une motion de censure contre Borne début juillet, alors qu’elle doit exposer ses priorités politiques pour les cinq prochaines années.
Borne pourrait maintenant être vulnérable alors que Macron fait face à un nouveau remaniement ministériel après que plusieurs de ses principaux alliés ont perdu leur siège.
Ses ministres de la Santé et de l’Environnement ont été battus et, par tradition, devront démissionner, tout comme le président du Parlement et le chef du groupe parlementaire de Macron.
Le résultat a terni la victoire de Macron à l’élection présidentielle d’avril lorsqu’il a battu Le Pen, lorsqu’il est devenu le premier président français à remporter un deuxième mandat en plus de deux décennies.
– « Beaucoup d’imagination’ –
Les options qui s’offrent à Macron vont de la recherche d’une nouvelle alliance de coalition à l’adoption d’une législation basée sur des accords ad hoc, voire à la convocation de nouvelles élections.
Une option serait une alliance avec les républicains, qui compte 61 députés.
Mais le président LR Jacob a insisté sur le fait que son parti entendait “rester dans l’opposition ».
Macron espérait marquer son deuxième mandat par un programme ambitieux de réductions d’impôts, de réforme de l’aide sociale et de relèvement de l’âge de la retraite. Tout cela est maintenant en question.
Rare bonne nouvelle pour le président, le ministre de l’Europe Clément Beaune et le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini — deux jeunes piliers de son parti — ont remporté des batailles serrées pour leurs sièges parlementaires.
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