L'historique
de la Francophonie
- Une vocation de coopération :
L'émergence de la coopération multilatérale francophone, concrétisée
par la signature, à Niamey, le 20 mars 1970, de la convention
donnant naissance à une agence de coopération intergouvernementale,
l'ACCT, fut l'aboutissement d'une longue maturation et le fruit
d'une volonté des États francophones de se donner un nouveau cadre
d'échanges dans un monde en mutation.
Les pays francophones du Sud étaient engagés dans la recherche
de voies nouvelles de développement et de moyens d'affirmation
sur le plan international ; la Communauté française de Belgique
et le Québec, en plein renouveau politique et socioculturel, se
montraient soucieux de préserver leur identité culturelle et d'affirmer
leur singularité ; la France, enfin, était naturellement encline
à promouvoir un espace original de coopération qui, prenant appui
sur la langue commune des pays membres, contribuait à conforter
le rayonnement et la diffusion de la langue et de la culture françaises.
Les organisations internationales non gouvernementales avaient
en quelque sorte préparé l'avènement de la Francophonie internationale.
Créée en 1950, l'Association internationale des journalistes et
de la presse de langue française (UIJPLF) fut la première organisation
se réclamant de la "francophonie".
Dans les années soixante, une série d'autres organisations voyaient
le jour, confirmant l'émergence d'un mouvement francophone, notamment
: l'Association des universités partiellement ou entièrement de
langue française (Aupelf), en 1961 ; l'Association internationale
des parlementaires de langue française (AIPLF), en 1967, devenue
"Assemblée" en 1989 ; le Conseil international de la langue française
(Cilf), en 1968 ; la Fédération internationale des professeurs
de français (FIPF), en 1969.
- " Francophonie" : Terme inventé
en 1880 par le géographe Onésime Reclus pour définir l'ensemble
des personnes et des pays utilisant le français à des titres divers.
Première conférence des pays partiellement ou entièrement de langue
française Trois chefs d'État francophones africains, Léopold Sédar
Senghor (Sénégal), Habib Bourguiba (Tunisie) et Hamani Diori (Niger),
jouèrent un rôle depremier plan dans l'organisation internationale
de la Francophonie.
Ils exprimèrent leurs convictions à Niamey, en février 1969, lors
de la première conférence des pays partiellement ou entièrement
de langue française, qui regroupait 21 États et gouvernements
francophones et qui aboutit, une année plus tard, à la création
de l'ACCT :
"L'usage d'une même langue, la participation à une même culture
ne fournissent pas seulement des contreforts moraux, mais des
moyens majeurs d'épanouissement parce que de solidarité complémentaire.
C'est pourquoi, de toutes les communautés humaines, celles qui
se fondent sur la langue et la culture sont les plus puissantes
et les plus durables. La raison en est profondément humaine."
Léopold Sédar Senghor
- Une volonté politique :
La conférence des chefs d'État de l'Organisation commune africaine
etmalgache (Ocam), réunie à Tananarive en juin 1966, fut à la
base du projet de "communauté francophone". L'idée de réunir les
chefs d'État et de gouvernement des pays francophones dans un
cadre politique international figurait parmi les propositions
issues de cette conférence. Mais ce projet ne put bénéficier d'une
conjoncture favorable à sa concrétisation que vingt ans plus tard,
à l'initiative du Président François Mitterrand, qui convoqua
le premier Sommet de la Francophonie.
En une décennie, les chefs d'État et de gouvernement francophones
auront tenu six conférences au sommet.
Soucieux que la Francophonie puisse faire entendre sa voix dans
le monde, face à l'uniformisation qui le menace, et être ainsi,
à l'aube du XXIe siècle, un gage pour le maintien sur la planète
du pluriculturalisme, les chefs d'État et de gouvernement ont
souhaité doter la communauté francophone d'un porte-parole qui
puisse s'exprimer en son nom sur la scène internationale. Ils
entendent ainsi renforcer la dimension politique de la Francophonie,
afin, notamment, qu'elle puisse jouer un rôle dans la prévention
des conflits.
Ainsi, sur la base de la convention de Niamey et en s'appuyant
sur la charte de l'ACCT, unique organisation intergouvernementale
de la Francophonie, opérateur principal des sommets et secrétariat
de toutes les instances, les chefs d'État et de gouvernement éliront
pour quatre ans, à compter du VIIe Sommet (Hanoi, novembre 1997),
le secrétaire général de la Francophonie. Celui-ci deviend le
porte-parole politique et le représentant officiel de la Francophonie
au niveau international, dans le respect des prérogatives du président
en exercice du Sommet et de la Conférence ministérielle de la
Francophonie (CMF). Le secrétaire général est responsable de l'animation
de la coopération multilatérale francophone et est également le
plus haut responsable de l'Agence. La direction administrative
de celle-ci est assurée par l'administrateur général, nommé pour
quatre ans par les ministres sur proposition du secrétaire général
et placé sous son autorité.
La réforme institutionnelle entreprise au sommet de Hanoï répondait
à la volonté de développer le rôle politique et la visibilité
de la Francophonie sur la scène internationale. La conférence
ministérielle, à l'initiative de la France, a entériné en novembre
1997 à Hanoï la nouvelle charte de la Francophonie.
Le Conseil permanent de la Francophonie, dont le président exécutif
est le secrétaire général, a été élargi à l'ensemble des représentants
personnels de tous les chefs d'Etat et de gouvernements alors
qu'il ne comptait que dix-huit membres auparavant.
(Source : Agence de la Francophonie)