Interview du 5 juin 2000 | ||
Extraits de l'interview télévisée accordée par le Président de la République à Patrick Poivre d'Arvor et Claude Sérillon le 5 juin 2000 Palais de l'Elysee " La durée du mandat présidentiel, pour des raisons historiques et très anciennes, puisqu'elle a été fixée en 1873, est de sept ans. Il est certain que c'est un délai long, et probablement trop long, compte tenu des exigences modernes de la démocratie. Et donc, le problème est de savoir si l'on peut réduire la durée du mandat présidentiel sans mettre en cause nos institutions, sans changer la nature de notre Constitution, qui a fait ses preuves et qui est une bonne Constitution. [...] Vous le savez, la Ve République nous a apporté la stabilité. Elle nous a donné des institutions. C'est le général de Gaulle qui les a arrêtées, fixées avec Michel Debré, avec ses collaborateurs de l'époque. Elles ont eu pour grand mérite de rendre à notre pays la stabilité politique. [...] Donc, ayant fait leurs preuves, il convient de ne pas les mettre en cause. Je crois que, aujourd'hui, notre problème, c'est d'avoir des institutions qui assurent la stabilité. En tant que Président de la République, je suis, en quelque sorte, le gardien, le garant de ces institutions et du bon fonctionnement des pouvoirs publics. Donc, je ne veux rien faire, et je n'ai jamais rien voulu faire qui puisse les mettre en cause. [...] Je crois que les Français doivent comprendre que dans la démocratie moderne, c'est à eux d'assumer les décisions essentielles. [...] Cela fait un certain temps que je réfléchis à ce problème. Cela fait un certain temps, vous le savez, que j'ai engagé (depuis deux mois déjà) toute une série de consultations, d'abord, avec les principaux constitutionnalistes, ensuite avec les principaux responsables politiques de tous horizons, de toutes appartenances, pour m'assurer qu'il y avait un créneau privilégié où tout le monde pouvait accepter qu'on ne touche pas à notre Constitution et qu'on se contente de l'adapter sur ce point précis : la réduction à cinq ans du mandat présidentiel. Et c'est quelque chose qui peut ne pas se représenter. D'où la décision que j'ai prise de profiter de cette occasion. C'est un moment privilégié. [...] La proposition que le Premier ministre m'a faite, et que j'ai acceptée, va maintenant être approuvée par le conseil des ministres, et débattue à l'Assemblée et au Sénat. Il faut que ces deux Assemblées votent un texte unique. [...] Lorsque ce texte aura été voté dans les mêmes termes, la procédure prévoit qu'il va directement au référendum, mais que le Président de la République peut interrompre cette procédure et passer au Congrès, c'est-à-dire les deux Assemblées réunies à Versailles, et qui alors doivent voter à la majorité des 3/5. Un certain nombre d'hommes politiques disent, il vaudrait mieux, cela irait plus vite, aller directement au Congrès. Je ne veux pas me prononcer aujourd'hui, définitivement. Je ne veux pas préjuger de ma position par égard pour le Parlement, par respect du Parlement. Je dirai ce que je veux et ce que je décide après le débat. Mais je ne veux pas non plus, avoir une sorte de " langue de bois ". Ma préférence va naturellement, au référendum. Je pense qu'il s'agit là d'un problème qui touche au lien entre le Président de la République et les Français. Donc, c'est aux Français de décider." | ||



